Le cinquième anniversaire de notre Clinique chiropratique
Nous sommes très fiers ce mois-ci de souligner le cinquième anniversaire de notre partenariat avec l’Association des chiropraticiens du Québec. C’est en 2016 que la Clinique chiropratique a ouvert ses portes dans notre espace Santé. Pour cette occasion, nous nous sommes entretenus avec la Docteure Nathalie Godbout, chiropraticienne à la clinique depuis deux ans.
Les débuts de la clinique
La Clinique fut démarrée par un groupe de chiropraticien(nes) qui voulaient offrir l’accès aux soins chiropratiques aux personnes en situation d’itinérance ou à risque de l’être. C’était une façon pour eux de redonner à la communauté. Comme ces soins ne sont pas couverts par la santé publique, ils cherchaient à rejoindre cette clientèle mal desservie, sinon oubliée. Une des particularités de la Clinique de l’Accueil Bonneau est que les patients sont exposés aux soins de plusieurs chiropraticiens, avec des techniques souvent différentes.
Après avoir œuvré dans plusieurs organismes comme bénévole, Dre Godbout a choisi de s’impliquer dans la Clinique afin de participer à un projet communautaire et partager son expertise la plus précieuse. L’idée des soins universels, accessibles à tous, l’a toujours grandement interpellée.
Mais d’abord, qu’est-ce que la chiropratique?
La définition que l’on retrouve sur le site de l’Association nous apprend que la chiropratique est une discipline de la santé qui vise le diagnostic, le traitement et la prévention des conditions de nature neuro-musculo-squelettique, par des ajustements vertébraux et articulaires. L’ajustement chiropratique, pratiqué principalement avec les mains, sert à éliminer les interférences du système nerveux et à rétablir le fonctionnement optimal de la physiologie du corps humain.
Des soins uniques à chacun
Comme l’explique Dre Godbout, il y a une partie de la chiropratique qui est une philosophie, une science, mais aussi une autre partie qui est un art. La manière dont les soins sont prodigués, d’un chiropraticien à l’autre, est unique. Pour elle, c’est comme comparer Picasso et Monet. Les deux sont des peintres extraordinaires, mais qui ont des rendus complètement différents.
« Comme chiropraticiens, poursuit-elle, on fait un art qui s’appelle la chiropratique et on l’applique d’une façon qui peut être différente non seulement d’un docteur à l’autre, mais aussi d’un patient à l’autre. Les techniques sont dosées en fonction de la condition particulière du patient, même le jour de son traitement ».
Des gars souvent usés par la vie
« Les gars de l’Accueil Bonneau, raconte-t-elle, ont des histoires qui viennent nous toucher profondément. Quand on les écoute, on prend conscience de notre propre fragilité, de cette sécurité qu’on pense avoir. On se rend compte qu’on n’est pas si loin d’une situation où on pourrait se retrouver dans leurs souliers. Nous ou quelqu’un de notre famille. Les gars sont gentils, toujours polis, contents qu’on soit là et très reconnaissants. Ils sont capables de montrer leur vulnérabilité ».
Aux chiropraticiens qui seraient tentés de venir travailler à la Clinique
« Pour des chiros qui n’y sont jamais allés, dit Dre Godbout, je trouve que c’est un extraordinaire laboratoire de découverte de soi et sur la capacité de travailler en équipe. Même si l’autre chiropraticien n’est pas nécessairement avec nous, ça demande de l’organisation, de la disponibilité et de la flexibilité mentale. On a aussi la chance de collaborer avec d’autres professionnels de la santé, comme les infirmières de l’université McGill et les intervenants psychosociaux. C’est très intéressant d’observer leurs perceptions et leurs façons d’intervenir ».
Dre Godbout utilise le mot «laboratoire», car pour elle, c’est une expérience riche en apprentissages. Les soins aux gens ne changent pas. Mettre ses mains sur les patients, peu importe leur situation socio-économique, leur état de santé mentale, ça reste sensiblement pareil. À l’Accueil Bonneau, comme en clinique privée, il y a des cas assez graves. C’est seulement le pourcentage qui est plus élevé à l’Accueil Bonneau. On peut y constater les dommages qui ont été faits sur leur corps par l’itinérance : la consommation, les blessures accumulées, la violence dans certains cas.
La chiropratique en temps de pandémie
Selon Dre Godbout, les chiropraticiens touchent les gens dans un contexte où il y a très peu de gens qui se font toucher. La première journée où elle est retournée à la Clinique de l’Accueil Bonneau, entre Noël et le jour de l’an, ses patients ont tous pleuré.
« La réalité d’un chiropraticien qui met doucement ses mains sur le corps du patient, d’une façon aidante et aimante, ça ouvre une porte vers la guérison comme aucune thérapie parlée ne pourrait faire. Ce n’est plus seulement un mal de dos ou de cou. Souvent, les gars ne savent même pas qu’ils ont mal parce qu’ils ont vécu avec cette blessure tellement longtemps, en mode survie. Alors quand on leur donne l’opportunité de recommencer à se sentir, ça devient une autre affaire. Ça leur permet de se reconnecter avec leur senti et leur vécu, d’une manière tout à fait unique et vraie ».
La clinique chiropratique de l’Accueil Bonneau a recommencé officiellement ses activités au mois de décembre dernier, après avoir été fermée pendant huit mois.
En 2016, la clinique chiropratique a reçu la Médaille de distinction de l’Ordre des chiropraticiens du Québec. En 2018, l’Accueil Bonneau a décerné le prix Monique-Picard à l’ACQ, en reconnaissance de l’implication extraordinaire des bénévoles qui appuient leur communauté de façon novatrice.
Nous tenons à remercier tous les chiropraticiens(nes) s’étant impliqués bénévolement à la Clinique chiropratique de l’Accueil Bonneau au cours des 5 dernières années.
Un merci particulier à ceux et celles qui ont grandement contribué au développement de ce projet : Dre Renée Dallaire, Dre Chantal Pinard, Dr Richard Giguère, Dre Monique Fournier, Dre Laura Benhaïm, Dr Jad Tannous et Dre Janelle Authier.